La lutte contre la désinformation scientifique et technologique est une mission très importante pour l’IESF Lyon-RA.
Depuis plus de 5 ans, l’IESF Lyon-RA organise des conférences « sciences et société » bimestrielles : les « Mardis des Ingénieurs et Scientifiques » sur des thèmes demandant une approche raisonnée (les nanotechnologies, le gaz de schistes, les OGM, la place du nucléaire, la santé globale, la cybersécurité et les objets connectés …). Ces conférences sont ouvertes à tous, gratuites et accessibles à un large public intéressé par les grandes questions techniques et scientifiques actuelles.
Les conférences font intervenir toujours deux experts qui donnent deux éclairages différents du sujet.
Elles sont organisées en partenariat avec Michel Deprost rédacteur en chef d’Enviscope média d’information sur les évènements, les entreprises, les études et recherches concernant l’environnement en centre-est (site : https://www.enviscope.com/ )
Le mardi d’octobre 2018 avait pour thème : « Les pseudosciences et les fausses informations » …ou quelle est la place du scientifique dans les débats de société … et comment le scientifique peut être correctement pris en compte dans ces débats.
André Mordant (IESF Lyon-RA) a introduit le sujet.
La science produit ses affirmations en interrogeant le monde réel par des expériences faisant l’objet de protocoles que d’autres observateurs peuvent contrôler et reproduire.
Cette démarche scientifique, expérimentale, qui analyse les données, émet des hypothèses, les met à l’épreuve est une démarche intellectuelle unique, ouverte, collective, universelle, qui permet d’approcher le fonctionnement du monde de l’infiniment petit à l’infiniment grand, de l’inanimé au vivant.
Les conditions méthodologiques de la science sont le doute (moteur du questionnement), la rationalité, le matérialisme, la transparence (la clarté dans les énoncés).
L’observatoire zététique dont le siège est à Grenoble a pour objectif de démonter les affirmations des fausses sciences, de vulgariser les bases de la méthode scientifique et d’apprendre à bien interpréter les résultats en tirant les bonnes conclusions.
Patrick Leclercq (IESF Lyon-RA et SEE) a expliqué les mécanismes de désinformation en partant de l’exemple des infox entourant les compteurs communicants Linky et Gazpar. Il a démonté les contre-vérités véhiculées par des élus, des associations, des médias et certains experts sans avis scientifiques étayés par des expériences reproductibles. Il a lui-même vérifié les valeurs des ondes électromagnétiques produites à proximité du compteur Linky !
Michel Deprost d’Enviscope a fait un inventaire des infox concernant l’environnement :
les fausses informations sur les OGM ; les scientifiques pris en défaut dans les biotechnologies; la science détournée à des fins commerciales dans les domaines de la santé, de l’agriculture ; le parcours du nuage de Tchernobyl ; les syndromes causés par l’absence de concertation dans l’éolien ; la géothermie source de radon et microséismes ; les infrastructures condamnées à priori dans l’hydroélectricité ; les oppositions à la méthanisation de la biomasse ; le refus du photovoltaïque parce que les panneaux ne se recyclent pas…
Il s’agit de ne pas confondre retour d’expérience et psychose ; de ne pas confondre passé, présent et avenir ; de ne pas oublier de faire des évaluations ; de ne pas faire de produits et techniques des objets politiques hors d’approches scientifiques ; de ne pas jeter le bébé avec l’eau du bain.
Mais la démarche scientifique est souvent méconnue et, sur de nombreux sujets, émergent des mouvements, des organisations, des personnes qui remettent en cause la démarche scientifique elle-même et non pas seulement les techniques permises par la science.
Jacques Guarinos, astronome et chercheur qui a dirigé les Planétarium de Val en Valine et de Saint Etienne, a présenté l’Association Française de l’Information Scientifique (AFIS) (http://www.pseudo-sciences.org ) qui marque cette année ses cinquante ans. Cette association édite une revue trimestrielle « Science et pseudo-sciences » disponible dans les centres de presse.
L’AFIS a pour but de promouvoir la science contre ceux qui la détournent à des fins lucratives ou idéologiques, ou usent de son nom pour couvrir des entreprises charlatanesques. Elle apporte un éclairage sur des sujets de société qui sont traités de manière pseudo-scientifique et font l’objet de désinformation ou polémiques, notamment autour de la santé, des nouvelles technologies et de l’environnement. L’AFIS est indépendante de tout groupe de pression et s’interdit toute concession au sensationnalisme, et toute complaisance envers l’irrationnel.
Elle veut défendre la science et son intégrité contre les attaques à des fins lucratives ou idéologiques de ceux qui déforment les résultats, s’attribuent des définitions qu’elle n’a pas, couvrent des entreprises de charlatans.
Elle fait la promotion du doute et de l’esprit critique. Les éminents scientifiques membres du comité de parrainage de l’AFIS et de la revue « Science et pseudo-sciences » apportent leur soutien à l’esprit et au sens des actions de l’association.
Lors des échanges avec la salle, ont été abordés les problèmes de financement de la recherche, la place de la lutte contre les infox dans les formations de l’éducation nationale, les intérêts financiers des propagateurs d’infox, le détournement du vocabulaire scientifique.